Kévin Cappelli, L’expérience du monde-Avis critique
En tant qu’élèves de Terminale, nous avons déjà rencontré le célèbre propos de Heidegger : la technique moderne renferme, dans son essence, un danger. Aujourd’hui pourtant, elle nous séduit et nous captive au plus haut point : nous lui demandons toujours plus de vitesse, de connexion, de satisfaction, d’informations, de décisions, d’« intelligence ». Le texte de Kévin Cappelli tente d’expliquer ce péril : en raison de son agencement intégral par les technologies de déplacement et de communication, notre réalité soi-disant « mondialisée » tend à restreindre le déploiement d’un monde dans lequel nous pourrions mener ensemble notre vie. Heidegger, Arendt, Anders, Debord… Cela fera un siècle que ce péril est philosophiquement pris en charge, de manière chaque fois renouvelée. Dans cette époque de machinisme mobilitaire et médiatique, il est peut-être de plus en plus difficile, mais dès lors d’autant plus urgent, de porter notre attention sur de telles pensées. Par son texte, Kévin Cappelli nous transmet, en toute humilité, l’héritage de ces philosophes pour interroger nos illusions et reconsidérer ce que nous aimerions faire de notre vie en commun. Si nous souhaitons « empêcher que le monde se défasse », comme disait Camus, il revient de refuser notre fascination au dispositif technologique qui planifie et exploite nos existences. Nous pourrons alors nous rendre disponibles aux occasions de tous ordres de laisser le monde, déjà ancien mais aussi toujours neuf, advenir encore et encore.
Lilly-Marie Vecchierini (TL)