Désobéir de F.Gros
Chapitre 4 : De
la subordination au droit de résistance
L’auteur met en avant une
hiérarchisation de la société qui suivrait ici un “ordre naturel” réalisé en
fonction de la nature et des capacités de chacun : dans Les Politiques,
Aristote montre que les différences sont naturelles car l’idée est que la place
de chacun est donnée par rapport à sa nature.
On comprend mieux la division
gouvernant / gouverné, commandant / commandé.
En effet, on constate que l’on
donne les rôles, on répète des tâches où l’on va retrouver ceux qui
dirigent (maîtres) et ceux qui qui exécutent (esclaves).
Cette hiérarchie naturelle va
apporter un autre type d’obéissance qui est la subordination. Ce mot s’éclaire
grâce à la grammaire : quand on parle d’une phrase principale et d’une
phrase subordonnée. En effet, la subordination signifie lorsqu’on dépend d’un
autre.
Cette subordination est acceptée
car on reconnaît la supériorité et la hiérarchie comme par exemple de
l’obéissance d’un enfant envers ses parents.
On retrouve un rapport d’autorité
mais qui est accepté de tous, car on se dit qu’il n’y a rien de plus naturel et
légitime pour un enfant que d’obéir à ses parents.
(p75) “Obéir alors, ce n’est plus
ployer sous une contrainte qui oblige à supporter l’insupportable, mais se
conformer doucement à cet ordre qui met chacun à sa place…” Ici l’auteur montre
que la subordination permet de créer une harmonie qui comble tout le monde car
chacun trouve sa place.
Cet ordre supposé régner dans la
société, saint Augustin l'appelle “concordia ordinata” (harmonie
ordonnée).
Il s’agit d’une utopie politique
et d’une société qui suppose une autre forme d’obéissance : l’obéissance de
gratitude.
L’obéissance de gratitude
concerne celui qui gouverne et qui n’as pas d’intention, d’orgueil ni de
volonté de pouvoir. Il est celui qui a un esprit de compassion et qui a trois
qualités : la compétence, la vertu et la sollicitude.
Dans le cas de l’obéissance de
gratitude, on constate comme le montre Frédéric Gros, que la désobéissance n’a
pas lieu d’être. En effet, depuis le début de son livre, il montre que l’obéissance
de gratitude n’apporte que du bien à tous donc la désobéissance serait vue
comme un acte pervers. A l’inverse, quand on obéit, on fait quelque chose de
bien pour la société, pour la communauté. Néanmoins, cette conception de la
société est complètement idéalisée.
On a une référence au péché
originel où l’on montre ici, que la désobéissance est une désobéissance
d’orgueil.
L’auteur finit son chapitre par
évoquer l’obéissance religieuse (chrétienne). Ici, on constate que l’on a une
volonté propre d’obéir car l’obéissance est vue comme “une voie propriétaire au
salut”. On ne désobéit pas par crainte de désordre politique mais plutôt pour
être sûr d’accéder au salut ( on peut dire que l’obéissance chrétienne est
comme une subordination ) car celle-ci se voit par l’humilité, la sujétion et
l’abnégation.
Mais cette abnégation peut amener
à des formes de résistances de la part des Franciscains, et qui vont faire peur
à l'Église. L'intensité mystique finit par un rejet de l’obéissance à une autre
créature et au donneur d'ordres humain.
Ils ne reconnaissent pas la
légitimité des ordres terriens: ils n’entendent que les ordres divins. Donc on
constate qu’ils ont une interprétation différente de l’obéissance.
Pour eux, l’obéissance fait acte
de reniement de soi, il faut aller plus loin, au-delà des limites et des
ordres, car ils ont quelque chose à prouver à eux-mêmes.
Pour les Franciscains,
l’abnégation est très importante (ils sacrifient leurs intérêts personnels
volontairement). Donc, on constate qu’ils peuvent faire preuve de
mortifications. Le mystique (la personne dont la foi est très prononcée) fait
donc résistance aux pouvoirs de l’Eglise pour mieux servir Dieu.
Lara
Extase de Thérèse d'Avila, sculpture du Bernin
Extase de Thérèse d'Avila, sculpture du Bernin