Désobéir, Frédéric Gros, chapitre 5: "Fille d'Oedipe"


Désobéir de F. Gros
Chapitre 5 : Fille d’Œdipe

Dans le chapitre 5 et dans le sillage des mystiques du chapitre 4, F. Gros montre une certaine désobéissance avec le personnage d’Antigone, qui est présentée comme l’icône culturelle de la révolte, ”le symbole de la contestation intempestive” et “l’égérie rebelle”.
Donc ici, sa désobéissance est synonyme de refus, de révolte qui va faire trembler l’ordre prescrit par Créon et l’idée même de l’état.
Petit rappel de l’histoire d’Antigone: c’est l’histoire tragique d’une femme (Antigone), fille et sœur d’Œdipe, qui va souhaiter enterrer le corps de son frère Polynice car étant considéré comme un “voyou” et un “traître”, ce dernier ne bénéficie pas de sépulture contrairement à son autre frère Etéocle.
Antigone désobéit volontairement à l’ordre prescrit par son oncle Créon, elle transgresse l'autorité de roi, ce qui la mènera à la solitude et à une condamnation à mort. Ici, la désobéissance amène la personne qui désobéit à être seule: en effet, elle est face au pouvoir de Créon et à son ordre donné. Elle est donc dans une solitude car la communauté politique, contrairement à Antigone, suit les ordres de Créon.
Donc, on constate qu’Antigone désobéit seule, elle est contre la communauté et subit le tragique de la révolte et de la transgression.
Antigone est l’illustration même du courage car pour désobéir, il faut être courageux : elle brave les interdits et remet en cause l’autorité de son oncle mais aussi sa puissance sur la cité. Etant contre l’état et l’ordre établi, Antigone désobéit. Quand Créon lui demande si “elle savait” qu’elle désobéissait, Antigone répond qu’elle en avait conscience. On constate que Créon est perturbé car son pouvoir est discrédité.

Cependant, Antigone déclare ne tenir compte que de la légitimité des sentiments familiaux. En refusant l’ordre donné, Antigone est la démonstration d'opposition contre la cité et cela interroge le sens de la légitimité de celle-ci. Elle ne désobéit pas “par caprice, ou par insolence, ni même par folie”, mais du fait qu’elle obéit à des lois supérieures: celles de la famille. Donc dans cette histoire, c’est au nom de l’éthique et de sa conscience qu’Antigone ne consent pas et qu’elle refuse le commandement politique. Antigone parle de devoirs qu’elle doit respecter. Cependant tout le monde ne reconnaît pas forcément les lois familiales.
Hegel reprend également l’exemple d’Antigone et montre une confrontation impossible : on a la cité qui s’oppose aux intérêts personnels de la famille : “elle est entre la famille et la cité”. Cette situation est une tragédie car la cité est aussi importante que la famille, donc il y a impossibilité de choisir.
F.Gros donne une autre définition du mot “désobéissance” à travers l’histoire d’Antigone :
(p 96) “la désobéissance, c’est l’expression d’un désespoir, une provocation sans réponse”.
Pour Hölderlin, le tragique se voit dans l'athéisme de cette pièce: Antigone est abandonnée par les Dieux.
Pour Lacan, Antigone est une héroïne tragique parce que le tragique, pour les êtres humains c'est quand ils parviennent à assouvir pleinement leur désir au point de ne plus rien désirer.
Frédéric Gros conclut son chapitre 5 “ désobéir, c’est mettre en cause le principe même d'une légitimité : c'est l'éclat d'Antigone”.
En effet, Antigone montre sa désobéissance comme quelque chose d'incontrôlable comme  une pulsion, mais aussi quelque chose qui peut être “sauvage”.
Avec Eschyle, Euripide et Sophocle, Antigone devient l'héroïne de la désobéissance.
L'acte de la jeune femme a causé du trouble dans les idées et dans les ordres du fait que dans un premier temps il s'agit avant tout d'une femme ce qui donc rend sa désobéissance d'autant plus importante.

Antigone possède un rôle très subversif, en effet elle remet tout en cause.
 Lara