Chapitre 5 : Fille d’Œdipe
Dans le chapitre 5 et dans le
sillage des mystiques du chapitre 4, F. Gros montre une certaine désobéissance
avec le personnage d’Antigone, qui est présentée comme l’icône culturelle de la
révolte, ”le symbole de la contestation intempestive” et “l’égérie rebelle”.
Donc ici, sa désobéissance est
synonyme de refus, de révolte qui va faire trembler l’ordre prescrit par Créon
et l’idée même de l’état.
Petit rappel de l’histoire
d’Antigone: c’est l’histoire tragique d’une femme (Antigone), fille et sœur
d’Œdipe, qui va souhaiter enterrer le corps de son frère Polynice car étant
considéré comme un “voyou” et un “traître”, ce dernier ne bénéficie pas de
sépulture contrairement à son autre frère Etéocle.
Antigone désobéit volontairement
à l’ordre prescrit par son oncle Créon, elle transgresse l'autorité de roi, ce
qui la mènera à la solitude et à une condamnation à mort. Ici, la désobéissance
amène la personne qui désobéit à être seule: en effet, elle est face au pouvoir
de Créon et à son ordre donné. Elle est donc dans une solitude car la
communauté politique, contrairement à Antigone, suit les ordres de Créon.
Donc, on constate qu’Antigone
désobéit seule, elle est contre la communauté et subit le tragique de la révolte
et de la transgression.
Antigone est l’illustration même
du courage car pour désobéir, il faut être courageux : elle brave les interdits
et remet en cause l’autorité de son oncle mais aussi sa puissance sur la cité.
Etant contre l’état et l’ordre établi, Antigone désobéit. Quand Créon lui
demande si “elle savait” qu’elle désobéissait, Antigone répond qu’elle en avait
conscience. On constate que Créon est perturbé car son pouvoir est discrédité.
Cependant, Antigone déclare ne
tenir compte que de la légitimité des sentiments familiaux. En refusant l’ordre
donné, Antigone est la démonstration d'opposition contre la cité et cela
interroge le sens de la légitimité de celle-ci. Elle ne désobéit pas “par
caprice, ou par insolence, ni même par folie”, mais du fait qu’elle obéit à des
lois supérieures: celles de la famille. Donc dans cette histoire, c’est au nom
de l’éthique et de sa conscience qu’Antigone ne consent pas et qu’elle refuse
le commandement politique. Antigone parle de devoirs qu’elle doit respecter.
Cependant tout le monde ne reconnaît pas forcément les lois familiales.
Hegel reprend également l’exemple
d’Antigone et montre une confrontation impossible : on a la cité qui s’oppose
aux intérêts personnels de la famille : “elle est entre la famille et la
cité”. Cette situation est une tragédie car la cité est aussi importante que la
famille, donc il y a impossibilité de choisir.
F.Gros donne une autre définition
du mot “désobéissance” à travers l’histoire d’Antigone :
(p 96) “la désobéissance, c’est
l’expression d’un désespoir, une provocation sans réponse”.
Pour Hölderlin, le tragique se
voit dans l'athéisme de cette pièce: Antigone est abandonnée par les Dieux.
Pour Lacan, Antigone est une
héroïne tragique parce que le tragique, pour les êtres humains c'est quand ils
parviennent à assouvir pleinement leur désir au point de ne plus rien désirer.
Frédéric Gros conclut son
chapitre 5 “ désobéir, c’est mettre en cause le principe même d'une légitimité
: c'est l'éclat d'Antigone”.
En effet, Antigone montre sa
désobéissance comme quelque chose d'incontrôlable comme une pulsion, mais
aussi quelque chose qui peut être “sauvage”.
Avec Eschyle, Euripide et
Sophocle, Antigone devient l'héroïne de la désobéissance.
L'acte de la jeune femme a causé
du trouble dans les idées et dans les ordres du fait que dans un premier temps
il s'agit avant tout d'une femme ce qui donc rend sa désobéissance d'autant
plus importante.
Antigone possède un rôle très
subversif, en effet elle remet tout en cause.
Lara