Désobéir, Frédéric Gros, Chapitre 2 : "De la soumission à la rébellion"


Désobéir de Frédéric Gros

Chapitre 2 : De la soumission à la rébellion

Frédéric Gros commence par une affirmation : « Pourquoi obéis-tu ? Parce que je suis soumis. », va alors dans ce chapitre, expliciter ce qu’il entend le terme soumission, en proposer une définition et en évoquer les différentes formes, à l’aide notamment d’exemples.
La première : l’esclave, qui est « sous l’entière dépendance de l’autre », n’a plus aucune initiative personnelle, est dans une passivité totale. Selon l’auteur, l’esclavagisme est le « plus pur et le plus dur de l’obéissance », on obéit alors en effet car on n’a pas le choix, le rapport de force est complètement inégal. Il évoque alors figure de l’esclave chez Aristote qui le compare dans Politiques à « une marchandise vivante » qui ne s’appartient plus, ne fait qu’exécuter. F. Gros illustre cela avec des exemples empruntés à différents siècles, de l’Antiquité à de nos jours, pour montrer qu’il ne se restreint pas à un sens du mot particulier à une époque mais qu’il évoque une réalité sociale.
D’autre part, le soumis peut « attendre son heure », c’est-à-dire se soumettre dans l’attente de pouvoir se révolter. Cependant, il peut également considérer que cette démarche serait vaine et se complaire dans « la douce résignation », une soumission est acceptée et ce sur le long terme.
F. Gros évoque ensuite le cas de la soumission politique, l’esclave peut alors se dire que vouloir se révolter serait égoïste, que les lois politiques assurent l’ordre et le bien commun, et que désobéir mènerait à l’anarchie. Selon l’auteur, ce discours masque une autre forme d’obéissance qu’il nomme « le pacte républicain » qui tente de dire que l’obéissance politique est volontaire et que la population y consent librement. Cette idée s’oppose « la démystification politique » selon laquelle ce discours ne cherche qu’à masquer les injustices dictées par le pouvoir.
L’auteur développe un autre point : le cas où l’esclave ne fait qu’accomplir la volonté d’un autre, où son âme et son corps sont séparés. Il peut alors être dans une « soumission déférente », c’est-à-dire qu’il n’accepte pas sa servitude, qu’il fait simplement croire à son chef que c’est le cas. Cette figure est très présente dans la littérature, notamment chez des auteurs tels que Molière avec le personnage tels que Scapin.
Le soumis peut, à l’inverse, et ce comportement constitue pour l’auteur « la pente politique la plus dangereuse », obéir aveuglement à son maître sans savoir dans quelle direction tendent ses actes et se contenter d’exécuter. Il se désolidarise alors de ses actes car l’instruction vient de quelqu’un d’autre et non pas de sa volonté propre ce qui lui permet de justifier ses actions et de s’en décharger. Cette position offre un certain confort à celui qui l’occupe.


Honoré Daumier

Florence Duchet TL