Avis critique
J’ai trouvé ce livre très intéressant et plus facile à lire que ce dont je m’attendais. Le fait qu’il soit relativement accessible est déjà un point positif puisqu’il traite d’un thème et d’une question qui nous concerne tous. Cet aspect universaliste et intemporel rend donc la lecture intéressante même si chacun de nous n’avons pas tous été exposés à des situations extrêmes face auxquelles obéir ou désobéir pourrait s’avérer révélateur d’un problème éthique. Le cheminement de pensée de Frédéric Gros est clair et facile à suivre. Son écriture est lisible et sans difficultés. Son découpage ne m’a pas déstabilisée et je l’ai trouvé plutôt logique la plupart du temps malgré parfois des transitions entre les chapitres qui n’étaient pas évidentes. Les exemples, les philosophes qu’il invoque tout au long de son livre sont utilisés à bon escient, assez pour illustrer clairement ses idées, pas trop pour ne pas tomber dans un catalogue d’exemples qui finissent par perdre de leur sens.
La question de la désobéissance et de l’obéissance dans certaines situations, notamment à des moments marquants de l’Histoire, est en effet une question que nous avons peut-être été amenés à nous poser, ayant généralement en tête la Shoah, un exemple évident qui nous a tous fait nous demander : comment est-ce possible ? Comment peut-il être une telle soumission face à tant de cruauté ? Ce sont donc des questions que nous avons certainement tous eu en tête à un moment ou un autre, et Frédéric Gros tente d’y répondre et nous révèle d’autres formes d’obéissance et de désobéissance face à des situations qui parfois peuvent nous être plus familières que l’exemple de la Shoah que tout le monde n’a pas vécu personnellement.
J’ai apprécié le chapitre 11 et l’idée d’un « moi » intérieur que Frédéric Gros déploie. En effet, il explique qu’il y aurait une hiérarchisation à l’intérieur de nous avec aux commandes un moi à qui on obéit, si bien que lorsque par exemple on obéit à des ordres extérieurs on n’obéit pas seulement bêtement à quelqu’un mais on choisit de d’ordonner à nous-même d’obéir. Mais aussi Gros explique que lorsqu’on obéit à quelque chose qui nous paraît injuste on ignore alors notre « moi » intérieur et par là on lui désobéit.
Pour conclure, Désobéir de Frédéric Gros est un livre de philosophie accessible aux débutants en cette matière et qui est susceptible d’intéresser quiconque.