Désobéir de Frédéric Gros
Chapitre 8 : Du consentement à
la désobéissance civile
C’est un chapitre dans lequel Frédéric Gros va donner une quatrième
signification à l’obéissance (les trois premières vues dans les chapitres
précédents étant la soumission, la subordination et le conformisme).
Lorsqu’il parle de consentement ce sera ici toujours dans un rapport
politique c’est à dire que pour vivre en société il faut bien que l’on consente
aux lois.
Frédéric Gros commence d’abord par souligner l’évidente importance du
consentement et débute son argumentation par l’opposition de trois thèses
différentes :
Le sujet respecte les lois car « il y est contraint par la
justice, la police et l’armée » ici on va parler d’Etat-despote/tyran.
Le sujet respecte les lois car l’Etat sait mieux que lui ce qui est
bon pour lui, ici on va alors parler d’Etat maternant (maternel) et le citoyen
est ici considéré comme un enfant et l’Etat, un parent.
Le sujet respecte les lois car il y est habitué, « il obéit par
automatisme ».
Ces trois thèses dans lesquels la notion de consentement n’est pas
présente illustre bien le fait que pouvoir consentir en politique c’est pouvoir
exercer une forme de liberté.
On peut parler alors de consentement libre et Frédéric Gros illustre cette
idée avec deux exemples : celui du mariage et celui du droit de vote, où
l’on obéit parce qu’on consent.
Il dénonce ensuite le côté moins positif du consentement c’est à dire
que lorsque l’on consent, on prend une décision et par là on prend également un
risque. En effet il est compliqué de désobéir une fois que on a consenti :
après un contrat de mariage il est complexe de revenir en arrière/pareil
lorsqu’on élit un président et qu’en définitive, on n’en est pas content c’est
quand même parti pour un mandat entier.
Il décrit donc le consentement comme une obéissance libre
(consentement libre c’est en fait un peu un pléonasme…) et comme une contrainte
pleinement acceptée.
Après il cite des débats autour de la notion de consentement tel que
celui sur la Prostitution libre. La polémique ici vient du fait qu’auparavant
les concepts de la liberté et de la dignité étaient indissociables et qu’avec
l’arrivée de ces débats ils se retrouvent séparés voir en opposition.
L’auteur pose le problème suivant : « La dignité est-elle
véritablement fondée ou bien n’est ce qu’un autre nom pour des convenances
sociales ? » Il montre rapidement qu’en réalité c’est un problème qui
ne s’applique qu’à deux extrémités de la société qui sont minoritaires.
Il prend ensuite le cas où la liberté s’opposerait à la dignité et il
l’illustre par le masochisme où consentir c’est ici « consentir librement
à être dépendant d’un autre » c’est à dire que dans la soumission du
masochisme on devient passif, tout comme dans la soumission à l’Etat et aux
lois. Il continue ainsi de définir progressivement le consentement, je
cite : « consentir c’est accepter librement de limiter sa liberté
voir d’y renoncer ».
Après cela, F. Gros se charge d’expliquer pourquoi la désobéissance
politique est si compliquée et controversée et dénonce l’idéologie du
consentement qui est de nous faire croire qu’il est toujours trop tard pour
désobéir.
L’obéissance politique a débutée dès lors qu’un Etat de droit a été
mis en place, c’est-à-dire que le peuple, je cite « a depuis toujours, déjà
consenti » par là on se devrait d’obéir aux lois et la désobéissance ne
nous serait pas permise.
Il cite les théoriciens du contrat : Locke, Hobbes et Rousseau
qui dans leurs œuvres respectives distinguent chacun de manière différente
l’Etat de droit qui résulte d’une volonté de vivre-ensemble et l’Etat de
nature, qui mène à chaque fois au chaos et à la destruction.
Ainsi l’on consent à se soumettre à un Etat de droit car cela permet
une société organisée, ainsi qu’une sécurité et puisque cela empêche
l’anarchie, on y trouve une certaine égalité et donc une liberté mais pas
forcément une justice.
Si l’on suit le contrat social selon Hobbes, il est difficile de
désobéir car toute tentative de désobéissance, même si elle est motivée par une
volonté d’avoir davantage de justice elle sera perçue comme un risque de retour
au chaos et à l’anarchie.
Si l’on suit le contrat social selon Rousseau, désobéir est compliquée
car un acte de désobéissance à la loi sera perçu comme égoïste et égocentrique.
L’idée même de désobéissance est donc rendue impossible.
Or, l’auteur défend la thèse selon laquelle « le citoyen est un
intermittent de l’obéissance politique : il délègue le pouvoir mais peut
toujours le reprendre » car il a consenti à faire partie de la société et
à être gouverné mais pas forcément à être gouverné de cette manière précise.
Ce qui se pose ensuite comme problème c’est de définir la légitimité
de la désobéissance lorsque ce n’est qu’une minorité qui désobéit alors qu’en
démocratie c’est en effet la volonté générale et majoritaire qui décide.
Le chapitre se conclut par la réponse suivante : La démocratie ne
se réduit pas qu’à la volonté du bien commun car en plus d’être un régime
politique c’est aussi un processus critique. Et cette exigence de liberté,
d’égalité et de solidarité c’est elle qui fait désobéir. Et F.Gros la qualifie
du terme de « démocratie critique ».