Désobéir de Frédéric Gros
Introduction : Nous avons accepté l’inacceptable
Ce titre fait référence au fait
qu’on ait assisté de manière totalement passive à la barbarie, et notamment à
la montée des totalitarismes dans l’Europe de l’entre-deux-guerres. « Les
monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment
dangereux ; ceux qui sont plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires,
les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter » - Primo Levi.
Pendant la seconde guerre
mondiale, les nazis ont utilisé la violence et l’humiliation pour faire obéir
les déportés dans les camps de concentration. L’homme y est « déshumanisé »,
assimilé à un esclave, voire à un être à mi-chemin entre l’homme et l’animal.
Ceci rend les prisonniers plus facilement manipulables et susceptibles de se
soumettre à l’autorité.
Mais F. Gros entend parler d’une
autre obéissance, celle de tous ceux qui ont permis ou qui n’ont pas empêché
que ce génocide ait lieu. L’auteur
commence par reprendre une thèse énoncée par Howard Zinn : «la
désobéissance civile n’est pas un problème ; notre problème, c’est
l’obéissance civile ».
Des enjeux nouveaux sont apparus
au XXIème siècle. Frédéric Gros évoque notamment « le creusement des
injustices sociales, des inégalités de fortune ». Notre monde, du fait de
la paupérisation, de la dégradation de l’environnement et du capitalisme
effréné est, selon lui, révoltant. Pourtant, on ne se révolte pas.
Le problème que Frédéric Gros
soulève dans son livre Désobéir est : l’obéissance civile. Le
problème ce sont tous ces gens ordinaires à travers le monde qui ont obéi, tels
des moutons, aux ordres des dirigeants de leur gouvernement, voire qui ont
participé de leur plein gré à l’horreur. Nous avons connu cela avec l’Allemagne
nazie. Le vrai problème est que les gens ont obéi et ils ont eu tort car
c’était une erreur. Ils auraient dû résister, s’opposer et se révolter contre
l’ordre établi. Comme l’a si bien dit Wilhem Reich : «la vraie question
n’est pas de savoir pourquoi les gens se révoltent mais pourquoi ils ne se
révoltent pas ».
La question que pose Gros
est : pourquoi ne parvient-on pas à désobéir alors même que la
désobéissance est nécessaire aux démocraties, et est une déclaration
d’Humanité ?
La thèse de Frédéric Gros dans son
ouvrage Désobéir est la suivante : il faut garder en soi la
possibilité de désobéir. Pour ce professeur de pensée politique au collège
universitaire de Sciences-Po Paris, la désobéissance est nécessaire à la
démocratie. En réalité, Frédéric Gros ne fait pas l’apologie de la
désobéissance en tant que transgression criminelle de lois. Ce qu’il entend par
« désobéir » est la capacité de commencer quelque chose, une sorte
d’ouverture au monde des possibles. En effet, dans certaines situations, il est
dangereux d’obéir ; une démocratie ne peut pas vivre sans qu’il y ait de
la part de chaque citoyen une vigilance perpétuelle que Frédéric Gros appelle
la « désobéissance ».
La démocratie désigne
« l’exigence de réinterroger la politique, l’action publique, le cours du
monde ».
Des enjeux nouveaux sont apparus
au XXIème siècles. Frédéric Gros évoque notamment « le creusement des
injustices sociales, des inégalités de fortune ».
A la fin de l’introduction,
Frédéric Gros conclut en disant que son but n’est pas d’analyser des séquences
historiques de désobéissances, il cherche plutôt à montrer l’urgence qu’il y a
aujourd’hui à apprendre à désobéir. L’actualité nous montre le surgissement de
nouvelles formes de désobéissances telles que « les luttes sociales,
mouvements de désobéissance civile, constitution de ZAD, lanceurs d’alerte,
contestations publiques de la loi, appel à l’insurrection ».
Pour Frédéric Gros, il s’agit
donc de replacer l’acte de désobéissance au cœur de l’Humanité et des
démocraties.